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Est-ce le moment de miser sur la défense?

Les obligations à rendement élevé peuvent permettre un positionnement prudent sur le marché.

En juillet 2019, l’expansion économique aux États-Unis est devenue la plus longue de l’histoire du pays et a dépassé le précédent record de 10 ans. La récession est-elle donc proche? De nombreux indicateurs généralement fiables suggèrent qu’une contraction économique n’est pas imminente aux États-Unis. Toutefois, il peut être prudent pour les conseillers de commencer à positionner les portefeuilles de leurs clients de manière plus défensive. 

« Nous ne prévoyons pas à une récession au cours des 12 prochains mois, souligne Philip Petursson, stratège en chef des placements à Gestion de placements Manuvie. Cependant, nous sommes conscients que la croissance économique mondiale a ralenti et nous réduisons le risque de [la répartition de l’actif du portefeuille modèle de Marchés des capitaux et Stratégie] car, à notre avis, le rendement des marchés boursiers va être modeste, avec une augmentation de la volatilité au cours des 6 à 12 prochains mois. »

Que montrent les indicateurs avancés?

Lors des récessions passées, plusieurs indicateurs ont systématiquement prédit le ralentissement économique. L’un d’entre eux est l’inversion de la courbe des taux, lorsque les taux d’intérêt à long terme deviennent inférieurs aux taux d’intérêt à court terme. Cela s’est produit – le taux des obligations d’État américaines à 10 ans est tombé sous le taux des obligations d’État américaines à 3 mois. Toutefois, un indicateur de récession plus fiable compare le taux des obligations d’État américaines à 10 ans et à celui des obligations d’État américaines 2 ans et, bien que cette courbe se soit aplatie à la fin de juin 2019, le taux des obligations à 10 ans a conservé une avance de 25 points de base. Le 28 juin, le taux des valeurs du Trésor américain était de 2,00 % pour les obligations à 10 ans, de 1,75 % pour les obligations à 2 ans et de 2,12 % pour les obligations à trois mois.  1

À l’approche d’une récession, l’indice des directeurs d’achat de l’Institute for Supply Management (indice PMI), qui mesure la vigueur de l’activité manufacturière aux États-Unis, tombe souvent en dessous de 45,0. En juin 2019, il était de 51,7, en légère baisse par rapport à 52,1 en mai 2019. Pour mettre ces chiffres en contexte, M. Petursson observe que : « Le secteur manufacturier mondial a ralenti et, dans certaines régions, il s’est contracté. Cela est important pour évaluer la santé de l’économie mondiale parce que le secteur manufacturier soutient la croissance des bénéfices… Ces données suggèrent que la croissance des bénéfices sur 12 mois devrait ralentir au second semestre de 2019. »

Les tendances inflationnistes sont un autre signe annonciateur de récession. Actuellement, l’inflation est relativement bien contenue, malgré la forte croissance du PIB (produit intérieur brut), la vigueur du marché du travail et le faible taux de chômage, a déclaré M. Petursson. Il a souligné que, la plupart du temps, les importants chocs inflationnistes qui ont précédé une récession étaient imputables aux produits de base, par exemple, lorsque les prix du pétrole ont fortement augmenté au début des années 1970 et en 1990. Aucun signe n’indique que cela se produit actuellement.

En général, les mises en chantier diminuent avant une récession, souvent de plus de 20 %. En mai 2019, les données indiquent que les mises en chantier de logements privés (corrigées des variations saisonnières) ont diminué de 0,9 % par rapport à avril 2019 et de 4,7 % par rapport à mai 2018. Bien que le recul de ces données n’indique pas l’imminence d’une récession, il suggère que les consommateurs sont moins enclins à s’endetter davantage et à acheter un logement neuf – ce qui se produit lorsque l’économie ralentit et que les gens ont le sentiment que leur emploi est menacé – et signifie également qu’il y a moins de travail dans le secteur de la construction.

L’affaiblissement du marché du travail est un indicateur avancé traditionnel d’une récession, qui n’a pour le moment pas eu lieu. En juin, les créations d’emploi ont été de 224 000 aux États-Unis, confirmant le gain mensuel moyen de plus de 200 000 emplois au cours de la dernière année, ce qui est bien supérieur à la moyenne à long terme des créations d’emplois qui est de 125 000. Le taux chômage est de 3,7 %, ce qui est excellent. M. Petursson souligne que les États-Unis ont récupéré tous les emplois perdus lors de la dernière récession et en ont ajouté neuf millions. Il y a eu 12 millions de créations d’emplois de plus que lors de la dernière expansion. 

« Si nous ne tenions compte que d’un seul [signe de récession], ce serait celui que je regarderais », déclare M. Petursson concernant l’indice des indicateurs économiques avancés du Conference Board, qui regroupe dix mesures de la santé de l’économie américaine. Il a ajouté que, depuis les années 1970, cet indice est toujours devenu négatif avant une récession. Il a légèrement grimpé de 0,2 % en mars 2019 et puis de 0,1 % en avril – et il est resté inchangé en mai 2019. S’il tombait à zéro, la situation serait préoccupant

Récapitulation

« Pour le moment, aucun des signes typiques d’une récession n’est observable » a indiqué M. Petursson. Cependant, trois indicateurs – l’inversion de la courbe des taux, l’utilisation de la capacité supérieure à 80 % et le recul des mises en chantier – sont récemment passés d’un « non » catégorique à un « non » prudent. De plus, le commerce mondial s’est affaibli par rapport à il y a un an et certains pays affichent un recul des exportations sur 12 mois. Bien que M. Petursson ne pense pas que les actions soient surévaluées, il s’attend, dans le contexte actuel, à ce que la croissance des bénéfices ralentisse d’ici la fin de 2019, ce qui pèsera sur les marchés des actions.

  • Trois indicateurs sont récemment passés du vert au jaune. D’une part, la courbe des taux mesurée par l’écart de rendement entre les obligations à deux ans et à dix ans s’est aplatie, ce qui nous a fait passer d’un « non » à un « non prudent » en ce qui a trait à ce paramètre. Cela signifie que la surveillance de cet indicateur est de plus en plus importante.

    D’autre part, nous avons assisté à un affaiblissement du marché de l’habitation des États-Unis, d’après les données relatives aux mises en chantier, ainsi qu’aux ventes de propriétés existantes et nouvelles. Bien qu’il soit trop tôt pour affirmer que ce marché est en difficulté, il faudra suivre la situation de près.

    Nos travaux n’insinuent pas qu’une récession ou un marché baissier sont imminents, mais il faut être conscient de la longueur du cycle économique actuel et de la phase dans laquelle nous nous trouvons.

« L’incertitude qui règne actuellement peut avoir une incidence sur la croissance des bénéfices, les valorisations, l’économie mondiale, le secteur manufacturier, etc. Cela tient en grande partie aux tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, ces deux pays étant les deux premières puissances économiques mondiales, et elles sont liées à un certain nombre d’autres économies par le biais de la chaîne d’approvisionnement mondiale, dit M. Petursson. Nous ne prévoyons pas de correction... mais ce que nous suggérons, c’est que le potentiel de hausse des marchés boursiers est un peu plus modeste que ce à quoi on peut s’attendre lors d’une année moyenne ».

En conséquence, l’équipe de Gestion de placements Manuvie a rajusté la répartition de l’actif du portefeuille modèle de Marchés des capitaux et Stratégie à 50 % d’obligations et 50 % d’actions, le volet obligataire étant constitué de 35 % d’obligations d’État et d’obligations de qualité et de 15 % d’obligations à rendement élevé, dont des titres de créances des marchés émergents. La pondération des obligations à rendement élevé a été déterminée en partie d’après des données historiques qui montrent que cette catégorie d’actifs a tendance à moins reculer que les actions lors d’un marché baissier, mais qu’elle affiche une progression semblable après une correction ou un marché baissier (voir les graphiques). 

L’expansion du marché en est probablement à son stade ultime, ce qui fait que le moment est opportun pour discuter avec vos clients de leur tolérance au risque et des attentes de rendement réalistes. Pour certains, il peut être judicieux de remplacer une partie des actions par des obligations à rendement élevé. Il est important que tous soient préparés à faire face à ce qui se produira sur les marchés.